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F.E.A
25 novembre 2010

Jung et les OVNIS

Voici quelques éléments répertoriés sur des textes originaux par le Docteur Jacques Costagliola . Ces textes potent sur les ovnis et Carl Gustav JUNG.

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Les mémoires de Carl-Gustav Jung dans "Ma vie, Souvenirs, rêves et pensées, Gallimard, Folio 1973"
p. 340
«[...]Certes, cette attente [du retour du Christ]  surgit aujourd’hui sous une forme qui n’est comparable à aucune ce celles du passé, et elle constitue un rejeton caractéristique du siècle technique. Il s’agit du phénomène universel des soucoupes volantes [...]».

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p. 506 «[...] Le problème des relations entre l’homme intemporel, le Soi, et l’homme terrestre dans le temps et l’espace soulève les questions les plus difficiles. Deux rêves sont venus les éclairer. Dans un rêve que j’eus en octobre 1958, j’aperçus de chez moi deux disques de métal brillant en forme de lentilles ; ils filaient vers le lac au-dessus de la maison en décrivant un arc de faible rayon. C’étaient deux ovnis = soucoupes volantes. Puis un autre corps sembla se diriger directement vers moi. C’était une lentille circulaire comme l’objectif d’un télescope. A une distance de quatre ou cinq cents mètres environ, l’objet s’immobilisa un instant puis fila au loin. Immédiatement après, un autre corps arriva en traversant les airs : une lentille d’objectif avec un prolongement métallique aboutissant à une boîte, sorte de lanterne magique. A soixante ou soixante-dix mètres de distance, il s’arrêta dans l’air et me visa. Je me réveillai en proie à un sentiment d’étonnement. Encore à moitié dans mon rêve une idée me traversa l’esprit : Nous croyons toujours que les ovnis seraient des projections, or il semble bien que c’est nous qui sommes les leurs. La lanterne magique me projette sous la forme de C.G. Jung, mais qui manipule la lanterne magique ?[...]» [Il s’agit d’un récit typique d’une observation d’ovnis. Le rêve est un récit cohérent d’évolution continue avec un début, des manœuvres, deux immobilisations, une fin, sans le flou, les incohérences et les sauts thématiques du rêve ; les formes des engins et les estimations des distances sont précises. Je conjecture qu’il s’agit d’une observation réelle faite par Jung de sa terrasse sur le lac de Zurich. Pressentant les risques, il n’a pas osé assumer mais a tenu à rapporter pour la postérité. Cela expliquerait aussi qu'il reconnaisse la réalité physique des ovnis, malgré la valeur symbolique et archétypique qu'il leur attribue].

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(Photo prise à Laceno en Italie en aout 2009)

p.524 «[...]Dans la mesure où l’image de Dieu est, psychologiquement parlant, une illustration et une manifestation des tréfonds de l’âme, et dans la mesure où celle-ci commence à devenir consciente sous forme d’une profonde dissociation qui s’étend jusque dans la politique mondiale, une compensation psychique se signale petit à petit à l’attention. Elle se manifeste par des images unitaires, petits disques apparaissant spontanément, qui représentent une synthèse de contrastes situés à l’intérieur de l’âme. C’est de cela qu’il faut rapprocher la rumeur mondiale des ovnis appelés couramment soucoupes volantes qui apparaissent pour la première fois en 1945. Cette rumeur repose soit sur des visions, soit sur certaines réalités. Ces objets non identifiés sont interprétés comme étant des machines volantes, dont on suppose qu’elles émanent d’autres planètes, ou même de la quatrième dimension.[...]»

Les ovnis dans la correspondance Jung – Pauli

Carl-Gustav Jung, fondateur d’une des trois écoles de psychanalyse avec Freud et Adler, a étudié les coïncidences exagérées liées par le sens - qu’il distingue des phénomènes de faible probabilité (loi des séries) dues au hasard - et qu’il nomme synchronicités.  Pour en répondre, ainsi que des phénomènes physiques et paranormaux échappant au principe de causalité, il conjecture l’existence d’un monde psychique acausal complémentaire du monde matériel, chacun à la fois contraire et reflet de l’autre. Il a écrit un livre sur le phénomène ovnien considéré sur le mode de la rumeur et du mythe, mais en accepte la réalité physique après étude du dossier. Wolfgang Ernst Pauli est un physicien théoricien quantique, prix Nobel de physique 1945 pour sa découverte du principe d’exclusion. Il paraît obsédé par ses rêves particulièrement riches qui l’ont amené à tenter un parallèle entre la mécanique quantique et la psychologie et même l’alchimie.

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Le psychologue C.G. Jung et le physicien et prix Nobel W. Pauli.

Lettre 56. Pauli à Jung, 17.05.1952 «[...]Je vais continuer à me renseigner à propos des soucoupes volantes. Je dois me rendre en juin à Copenhague pour un congrès de physiciens et je m’entretiendrai de ce sujet avec des Américains. Il existe à ce sujet deux opinions contradictoires : la première, que partagent également des spécialistes de physique expérimentale, est qu’il s’agit d’une hallucination (de même que le serpent de mer et autres monstres marins) ; selon la seconde qui est plutôt propagée par les milieux militaires, ce phénomène est bien réel et il s’agirait de machines (avions ou ballons, d’où "les sacs"*) fabriquées par les Américains à des fins militaires. Lorsqu’en revenant de chez vous, j’ai grimpé la montagne située à côté de la gare de Zollikon, j’ai vu non pas des soucoupes volantes, mais un gros météorite tout à fait remarquable. Il se déplaçait relativement lentement (cela s’explique normalement par des raisons de perspective) de l’ouest vers l’est et finit par exploser, ce qui a donné lieu à un beau feu d’artifice fort impressionnant. J’y ai vu un présage spirituel à l’égard des problèmes de notre époque correspond à l’esprit de KAÏROS**, c'est-à-dire qu’elle prend en compte sa véritable signification[...]» *sic ** Kaïros est le dieu grec du moment opportun. (NDT)

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Lettre 57. Jung à Pauli. 20.05.1952 «[...] En ce qui concerne les disques volants, j’ai longtemps cru qu’il s’agissait d’hallucinations collectives* (il reste bien sûr à définir ce que l’on entend par là). Il semble cependant qu’aux États-Unis les autorités militaires concernées prennent à présent au sérieux ce phénomène, et ceci explique ma curiosité. Le météore était un bon signe, il s’agissait bien d’un KAÏROS.Tout ce qui est bon est lié à KAÏROS.[...]»  *[Jung sait que la même hallucination à plusieurs n’existe pas au-dessus de deux et ce dans trois cas particuliers  de délire à deux : le schizophrène et sa mère, les jumeaux homozygotes, le vieux couple fusionnel. L’hallucination relève de la pathologie cérébrale, soit d’origine endogène, soit par intoxication chimique ou végétale. L’hallucination collective provoquée par un stimulus externe est une hypothèse de sociologue et de profane. Elle est systématiquement évoquée lorsqu’un groupe de témoins rapporte un spectacle inhabituel et déclaré impossible par la science et une partie de l’opinion publique. Le chapitre des apparitions s’en est enrichi brutalement en 1947. Mais alors qu’auparavant il s‘agissait d'apparitions d’entités, là il s’agit de discoïdes volants, vite stigmatisés par les négationnistes aprioristes en soucoupes volantes, terme ridiculisateur qui a plombé le dossier qui n’est toujours pas ouvert depuis 60 ans.]

Lettre 75. Jung à Pauli. 15.06.1957
«[...] Je suis en ce moment encore très occupé à rédiger mon article sur le rond en général et les ovnis en particulier.[...]» * Ein moderner Mythus. Von Dingen die am Himmel gesehen werden, Rascher, Zurich, 1958, Un mythe moderne. Des signes du Ciel, Gallimard 1961

Lettre 77. Jung à Pauli. 08.1977 «
[...]Depuis plusieurs années déjà, je me penche sur un problème qui peut paraître fou, la question des ovnis ou soucoupes volantes. J’ai lu la majeure partie des publications sur ce sujet et j’en suis arrivé à la conclusion que la légendes des ovnis représente la symbolique projetée, c'est-à-dire concrétisée du processus d’individuation. J’ai commencé au début de cette année à écrire sur le sujet un essai que je viens de terminer. Le Soi est de nos jours, suite au désorientement général, à la division politique du monde et à la séparation correspondante sur le plan individuel entre la conscience et l’inconscient, constellé de façon générale sous une forme archétypale (c'est-à-dire dans l’inconscient), et c’est un problème que je rencontre sans cesse chez mes patients. Puisque je sais par expérience qu’un archétype constellé, c'est-à-dire activé, n’est certes pas la cause, mais une condition des phénomènes synchronistes, j’en ai conclu que l’on doit s’attendre aujourd'hui à des événements qui seraient une sorte de reflet de l’archétype. C’est dans cette perspective que j’ai étudié le problème des ovnis (récits, rumeurs, rêves, images, etc). J’ai pu ainsi dégager un résultat que la causalité pourrait expliquer de façon satisfaisante si les ovnis n’étaient pas malheureusement bien réels (observations à la fois visuelles et par radar !). Il n’y a jusqu’à présent aucune preuve sérieuse montrant que ce sont des machines. Ce peuvent aussi bien être des animaux. Les observations laissent à penser qu’ils sont faits d’une matière curieuse… Les ovnis en revanche semblent être des événements qui apparaissent et disparaissent de façon incompréhensible et qui ne légitiment leur existence que par leur relation analogique avec le processus psychique. Je serais donc très heureux et délivré de tous ces problèmes si je pouvais nier en toute certitude leur existence objective. Mais cela m’est impossible pour différentes raisons. Nous n’avons pas ici affaire à un de ces mythes intéressants pouvant être expliqués de façon habituelle. Il me semble que le problème physique de la symétrie et de l’assymétrie qui coïncide curieusement avec mes propres préoccupations est en fait analogue ou parallèle. Indépendamment du caractère réflexif du phénomène, les manifestations de l’inconscient (représentées par la légende des ovnis, les rêves et les images) indiquent que Dieu est légèrement gaucher, c'est-à-dire que nous avons affaire à une supériorité statistique de la gauche c'est-à-dire une prédominance de l’inconscient, exprimée par les yeux de Dieu, des êtres supérieurement intelligents, le projet des mondes supérieurs de venir nous sauver, et ainsi de suite. Ces symboles représentent l’inconscient et sont révélateurs de sa supériorité. Cela correspond à la situation actuelle dans la mesure où la conscience se trouve de nos jours prise dans un dilemme pour l’instant insoluble et c’est donc l’inconscient qui occupe la position la plus forte, dépassant ainsi la puissance potentielle du troisième élément rédempteur. Ce troisième élément est un archétype qui pourrait permettre la réunion ou le dépassement d’un couple de contraires. La légende des ovnis montre nettement que le symbole latent essaie de transporter la conscience collective au-delà du conflit entre les opposés dans une sphère encore inconnue, une sorte de totalité du monde et du devenir de soi (individuation)… Durant le temps où j’ai travaillé sur les ovnis, j’ai observé également quelques cas frappants de synchronicités qui ont attiré mon attention sur la nature archétypale du phénomène… Il est indubitable que c’est la symbolique de l’individuation qui concerne le fondement psychologique du phénomène des ovnis. Les difficultés commencent seulement quand on se met à envisager que les ovnis puissent exister réellement. Il semble qu’ils aient toujours existé (informations historiques !), mais ils ne sont devenus un mythe que de nos jours (Apparition massive ?). La physique peut-elle apporter ici une aide.[...]» [Jung aurait besoin, pour les faire coller à sa théorie de l’inconscient collectif et des archétypes, que les ovnis soient virtuels, mais sa connaissance du dossier l’empêche d’aller dans ce sens. Son opinion n’en est que plus précieuse.] Déclaration de Gustave Jung dans Flying Saucer Review de mai-juin 1955: cliquez ici

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Max Knoll

Appendice 5. Lettre du physicien Max Knoll à Pauli à propos des ovnis, 09.12.1957 «[...]Vous me demandez qui est responsable du fait que Jung croit aux ovnis. Je ne le sais pas non plus ; vous avez probablement raison quand vous supposez que ce sont des patients américains qui l’ont convaincu. Il y a par ailleurs au sein de l’US Air Force tout un groupe de pilotes et de dirigeants qui croient aux ovnis. L’un d’eux a même tenu une conférence sur ce sujet à Princeton il y a 3 ans (je n’y ai pas assisté). Je voudrais souligner ici un point fondamental : l’observation par des images radar n’apporte d’une manière générale rien de plus que l’observation visuelle directe pour prouver l’objectivité des ovnis vus par des gens ; elle est même d’une moins grande utilité car les images radar présentent toujours à côté des objets recherchés tout un tas d’objets virtuels, par exemple des réflexions indésirables ou encore le niveau du bruit de fond provenant de la résistance du système, si bien qu’il est aisé de projeter quelque chose dans les images en question. L’interprétation d’images radar est donc souvent très peu fiable quand il s’agit d’objets se situant à la limite de ce qui est mesurable et elle ressemble à un test de Rorschah dans lequel la structure de l’image est seulement le fruit du hasard. Les images radar ne seraient un instrument convaincant que si elles étaient photographiées ou filmées, de telle façon que plusieurs spécialistes puissent  décider eux-mêmes dans quelle mesure il s’agit d’objets réels ou d’interprétations objectives. Cela n’a cependant jamais été fait jusqu’à présent. Lorsque nous nous sommes vus au début de l’année, Jung nous a également raconté que des radars avaient prouvé l’existence des ovnis. Je lui ai aussitôt présenté les arguments que je viens de vous exposer. Il les a écoutés avec beaucoup d’attention à l’époque, mais il les a déjà oubliés. Le 15 juin de cette année, il est revenu sur le problème des ovnis lorsque nous lui avons rendu visite, mais seulement par rapport à leur signification psychologique pour le processus d’individuation, ce en quoi je suis (tout comme vous) d’accord avec lui. Il a alors raconté qu’il a lui-même vu des ovnis sur une gravure de Nuremberg datant du 16e siècle : Un vaisseau cylindrique libère des vaisseaux auxiliaires, telles des pilules tombant d’une boîte de médicaments ou d’un tube en verre. En résumé, je dirais qu’il est nécessaire de rappeler une fois encore bien clairement  à Jung que les ovnis observés sur les écrans radar ne sont pas plus réels que ce que l’on a pu observer directement, que seuls des films et des photographies  par radar  (et interprétés par des spécialistes) permettent de tirer des conclusions univoques sur leur réalité et que ces photographies et ces films n’ont pas encore été publiés. Au vu des observations faites jusqu’à aujourd’hui Jung pourrait donc tout à fait nier avec conviction l’existence objective des ovnis. On ne peut bien sûr pas écarter non plus l’hypothèse soulignée par Ursula, selon laquelle il s’agit de nouveaux types d’avions secrets (américains ou russes) à propulsion par fusée. Cela ne perturberait cependant pas la théorie de Jung puisqu’il s’agit pour lui de chaînes causales bien définies, probablement liées par synchronicité avec des processus psychiques, le simple fait étonnant étant alors que la forme des fenêtres  élaborée par l’inconscient soit la meilleure sur le plan aérodynamique. J’ai déjà vu dans des magazines des articles qui expliquaient qu’on avait essayé de construire des avions à propulsion par fusée ayant des fenêtres de cette forme (je crois que c’était en France ou au Canada. Ce ne sont pas bien sûr par des ovnis. L’idée fondamentale de Jung, pour qui l’expansion du mythe des ovnis repose sur une symbolique de l’individuation, me paraît tout à fait convaincante d’une manière générale ; le problème posé par leur réalité – sans qu’il y ait pour autant de chaîne causale – est à mes yeux infondés puisque nous ne disposons pas d’observation fiable. C’est également pourquoi la comparaison qu’opère Jung entre cette réalité sans chaîne causale et le système physique de la symétrie  me paraît erronée tandis que je trouve très pertinente l’analogie entre le processus d’individuation et le problème physique de la symétrie.[...]» W . Pauli - C.G. Jung, Correspondance 1932–1958, Verlag 1992, Albin Michel 2000

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Carl-Gustav Jung, Un mythe moderne, Laffont, Paris, 1961

Régulièrement on trouve dans la littérature ovniste l'affirmation que Jung a rangé le phénomène ovnien parmi les mythes et les inventions de l'inconscient collectif humain. Pour tâcher de tordre le cou à cette entreprise de désinformation, il suffit de donner de larges extraits de ce livre, au titre sans doute choisi par l'éditeur.
«[...]Je me rends parfaitement compte du risque que j’assume en m’apprêtant à faire connaître mon opinion sur certains événements récents auxquels j’attribue importance et signification. Il s’agit de ces bruits, de ces rumeurs... et le problème de l’existence physique des objets volants qu’ils évoquent... tellement importants que je crois de mon devoir de lancer un cri d’alarme... Ma conscience de médecin me conseille de faire mon devoir pour prévenir ceux qui voudront bien m’écouter et les préparer au fait que l’humanité doit s’attendre à des événements d’où sortira la fin d’un éon, la fin d’une ère, la fin d’une grande époque du monde. Je serais ridicule si je prétendais dissimuler au lecteur que de telles réflexions sont non seulement impopulaires à l’extrême, mais en outre qu’elles seront probablement très mal vues, car elles rappellent d’une manière inquiétante ces brouillards fantasmatiques, qui obscurcissent les cerveaux des augures et des faux prophètes. Je dois pourtant courir le risque d’être confondu avec ces derniers et mettre ainsi en jeu ma réputation - fruit d’une longue carrière, marquée par bien des efforts et bien des luttes - d’homme loyal, d’être digne de confiance et capable de jugements scientifiques. Mes lecteurs peuvent en être assurés : ce n’est pas d’un cœur léger que je m’y décide. Je le fais parce que je me sens - à franchement parler - profondément soucieux du sort que tous ceux qui seront surpris par les événements et qui, faute d’y être préparés, leur seront livrés, pieds et poings liés, et les subiront sans le recours d’aucune compréhension. Personne jusqu’ici - pour autant que mon information me permette d’en juger - ne s’est demandé quels seraient les effets psychiques possibles des transformations qui nous attendent. C’est pourquoi j’estime qu’il est de mon devoir - dans la mesure du possible et de mes moyens - de tenter de les esquisser. Je m’attelle résolument à cette tache ingrate mais sans me dissimuler que mon burin risque fort de glisser sur la pierre dure qu’il essayera de ciseler... J’étais parvenu à la même conclusion que le rapport semi-officiel d’Edward J. Ruppelt, ancien chef du bureau chargé aux É-U de l’observation desdites soucoupes volantes. Cette conclusion est la suivante : on voit quelque chose mais on ne sait pas quoi. Il est même très difficile  - pour ne pas dire impossible - de se faire une idée claire de ces objets, car ils ne se comportent pas en corps matériels : ils échappent à la pesanteur, comme le feraient des pensées. Jusqu’ici on n’a pas trouvé de preuves indubitables de l’existence physique des soucoupes volantes, à l’exception des cas où un  écho a pu être enregistré au radar. Sur la confiance qu’il faut accorder à de telles observations au radar, j’ai interrogé le professeur Max Knoll, spécialiste en la matière, professeur d’électronique à l’université de Princeton et à l’École polytechnique de Munich. Les précisions qu’il a bien voulu me donner ne sont pas spécialement encourageantes. Toutefois il semble exister des cas attestés où l’observation visuelle a été confirmée par un écho simultané au radar. J’attire l’attention du lecteur sur les livres du major Donald Keyhoe, qui se basent en partie sur du matériel officiel et qui s’efforcent d’éviter le plus possible les spéculations échevelées, le manque d’esprit critique et les préjugés qui fourmillent dans d’autres publications. Le problème de la réalité physique des soucoupes volantes est posé depuis une dizaine d’années, sans pouvoir être tranché définitivement, ni dans un sens ni dans l’autre, bien qu’on ait accumulé durant cette période un grand matériel expérimental. Plus cette incertitude se prolongeait, plus grandissait la probabilité que le phénomène, manifestement compliqué, comportât également - à côté d’un substrat physique possible - une composante psychique d’un poids essentiel. Un tel objet - par son imprécision et son évanescence même - peut provoquer, mieux que tout autre, des imaginations conscientes ou des fantasmes inconscients. Les premières suscitent des suppositions, des spéculations et aussi des affabulations erronées, tandis que les seconds fournissent l’arrière plan mythologique susceptible d’être mis en jeu et d’être déclenché par des observations aussi irritantes. C’est ainsi que se créa une situation dans laquelle - avec la meilleure volonté du monde - on ignorait si l’on avait affaire à une perception primaire suivie de fantasmes ou si, à l’inverse, il s’agissait de fantaisies inconscientes  primaires qui, en gestation dans l’inconscient, assaillaient le conscient, l’inondant d’illusions et de visions. Les matériaux dont j’ai pu avoir connaissance jusqu’ici, c'est-à-dire au cours de la dernière décade, légitiment également les deux points de vue: dans un cas c’est un événement objectivement réel, donc physique qui constitue le point d’appel du mythe, dont il s’accompagne dorénavant ; dans l’autre c’est un archétype qui crée la vision correspondante. A ces relations causales, il faut ajouter une troisième possibilité, celle d’une coïncidence synchronique, c'est-à-dire acausale, mais pourvue de sens, coïncidence qui a toujours préoccupé les esprits depuis Geulincx, Leibnitz et Schopenhauer. Cette dernière façon de voir s’impose en particulier pour les phénomènes étudiés ici, car ils sont en rapport avec certains processus psychiques de nature archétypique. En tant que psychologue, je ne dispose pas des moyens qui me permettraient de contribuer utilement à trancher le problème de la réalité physique des soucoupes volantes. Je peux uniquement me pencher sur l’aspect psychique indéniable du phénomène.[...]»

C.G. Jung, Ma vie, Souvenirs, rêves et pensées, Gallimard, Folio 1973

CITATIONS:
Il se peut que la vie demande à être déchiffrée comme un cryptogramme. André Breton

Ces rencontres avec l'invraisemblable que, pour nous tirer d’affaire, nous appelons hallucinations. Victor Hugo

Un certain esprit scientifique n’est pas moins étroit que l’esprit religieux ; l’erreur fait peau neuve. Victor Hugo

Il est puéril de se figurer qu’en se bandant les yeux devant l’inconnu, on supprime l’inconnu. Victor Hugo.

Ce qui étonne les professeurs perd pour eux le droit d’exister. Gilson

Ces rencontres avec invraisemblable que, pour nous tirer d’affaire, nous appelons hallucinations. Victor Hugo

Ce qui nous environne d’encore impénétrable, tous les pouvoirs dont nous disposons sans les connaître, du moins dans notre Occident positiviste… Shaw B.

La tyrannie la plus efficace n'est pas celle qui utilise la force pour maintenir l'uniformité mais celle qui supprime la recherche des alternatives. The Closing of the American Mind. The most successful tyranny is not the one that uses force to assure uniformity but the one that removes the awareness of other possibilities. Bloom A.

 

Recherches et synthèse :Jacques Costagliola
Illustrations: Michel Ribardière
Les extraits de Jung
sont en bleu.

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Commentaires
S
.Excellent!<br /> Dommage que JUNG nous ai quitté si tôt!<br /> S'il était parmi nous, il aurait fait avancer l'UFOLOGIE!<br /> Et aurait pu peut-être expliquer ce qu'il nous manque encore aujourd'hui!<br /> La réalité du phénomène au travers de notre psyché, élément indispensable à sa compréhension!
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